La Ruche : une décennie à faire croître les idées

En présence du ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie Pierre Fitzgibbon, l'équipe de direction de La Ruche célébrait cette semaine les 10 ans de l'organisme.

Dix ans après sa fondation, La Ruche continue d’agrandir son essaim de projets. Présente dans 15 régions administratives du Québec, elle prévoit couvrir l’ensemble de la province dans les prochains mois.


Lancée à Québec en 2013, La Ruche est née de la volonté de stimuler l’économie locale par le pouvoir citoyen.

La plateforme numérique est inspirée du concept américain du crowdfunding, soit le financement par la foule. La Ruche utilise le terme financement participatif puisqu’elle favorise l’émergence de projets entrepreneuriaux en sollicitant la participation financière des citoyens et de la communauté.

« Pour qu’il soit accepté, chaque projet doit avoir un impact dans sa localité, c’est le fondement de La Ruche », rappelle le cofondateur Jean-Sébastien Noël, qui en a assuré la direction les premières années.

Issu du milieu des affaires, M. Noël a toujours eu le désir de mobiliser la communauté autour des idées novatrices qui sont porteuses de sens. « Celles qui allument les gens! », lance-t-il. Mais aussi celles qui les rassemblent. « Démarrer une entreprise, ça ne se fait pas tout seul; ça demande tout un réseau pour porter un projet », dit-il, rencontré lors de l’événement soulignant les 10 ans de La Ruche.

C’est pourquoi, dès ses débuts, La Ruche a fait appel à des ambassadeurs, principalement des gens d’affaires établis, pour aider les futurs entrepreneurs dans leurs démarches. Ceux-ci n’hésitent pas à partager leurs conseils et leurs réseaux de contacts pour que les projets voient le jour. « C’est ça, La Ruche! Une communauté d’affaires qui se mobilise », poursuit M. Noël, qui est aujourd’hui à la tête d’une autre plateforme collaborative: Vaolo.

Maintenir le taux de réussite

Chaque campagne compte aussi sur le public, évidemment. C’est la base de la plateforme. « Ce sont près de 163 000 contributions qui ont été faites sur la plateforme, par des citoyens, des gens qui croient en un projet dans leur localité », calcule le président-directeur général de La Ruche, Frédéric Auger.

En dix ans, La Ruche a généré 33 millions $ de financement participatif et plus de 21 millions $ en financement additionnel pour 1700 projets au Québec.

Ne lui parlez pas de déclin de l’entrepreneuriat, qui a fait les manchettes cet automne, ni de manque de volonté entrepreneuriale. Selon le pdg, l’entrepreneuriat est toujours bien présent dans l’économie québécoise et La Ruche enregistre même une augmentation de 20 % du nombre de projets reçus.

Selon lui, les futurs entrepreneurs se tourneraient même davantage vers La Ruche pour lancer leur projet « parce qu’ils savent qu’ils vont avoir de l’accompagnement pour favoriser leur réussite ».

« La formule de La Ruche a fait ses preuves, observe le pdg. La différence avec d’autres plateformes de sociofinancement est l’approche humaine. Nous, on a des gens qui se mobilisent et qui sont présents. »

Bon an mal an, La Ruche maintient le taux de réussite de ses campagne de financement entre 80 % et 85 %.

À la tête de l’organisme depuis deux ans, Frédéric Auger a pu constater que l’intérêt de la communauté pour des projets innovants n’a pas faibli, et ce, malgré l’inflation ou le climat d’incertitude économique.

« Je crois que ça a même un effet inverse. Quand on contribue à un projet, on reçoit quelque chose en échange : on achète en prévente un produit ou un service. Les gens voient ça comme un bon deal! »

Il constate aussi que la notoriété acquise par La Ruche au fil des ans a pour effet de rassurer les contributeurs. « Ils savent qu’ils ne se feront pas avoir. » À cet effet, il rappelle que, depuis le premier jour, La Ruche leur assure qu’aucun montant ne sera débité si le projet pour lequel ils ont contribué n’atteint pas son objectif.

Selon le président-directeur général de La Ruche, Frédéric Auger, l'entrepreneuriat se porte mieux lorsqu'il reçoit de l'accompagnement et qu'un projet mobilise sa communauté.

Bientôt partout au Québec

Chaque projet soumis sur La Ruche doit avoir une empreinte locale, c’est-à-dire qu’il doit participer à la diversification économique, culturelle ou sociale de sa région respective.

Alors qu’il vient tout juste de nommer une direction régionale en Abitibi-Témiscamingue, l’organisme à but non-lucratif souhaite être présent et actif dans les 17 régions du Québec d’ici 2024.

La Ruche compte y parvenir avec le soutien de partenaires comme le Mouvement Desjardins et le gouvernement du Québec.

« On s’en vient bientôt dans Les Laurentides et le Nord-du-Québec », promet M. Auger. « On prend le temps de monter une équipe dans chaque région avant de se lancer. »

Un nouveau fonds pour les entreprises en croissance

Le gouvernement du Québec a profité des 10 ans de La Ruche pour annoncer la création du Fonds Accès croissance.

Contrairement aux campagnes régulières, ce fonds s’adresse à des entreprises existantes, qui sont en phase de croissance.

Si elles atteignent leur objectif de financement auprès de la communauté (qui varie entre 50 000 $ et 250 000 $), le gouvernement du Québec doublera la mise via le fonds. Actuellement, quatre campagnes sont actives et pourraient bénéficier de ce fonds. Elles sont menées par les entreprises Bromont Campervan, Hot Poc, Off The Grid et Les Aliments Green Brothers.

Le cofondateur de La Ruche, Jean-Sébastien Noël, et le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Pierre Fitzgibbon, discutent de la création du Fonds Accès croissance.

LE COUP DE POUCE QUI FAIT LA DIFFÉRENCE

Pour de nouveaux entrepreneurs, une campagne de financement sur La Ruche peut faire la différence. « Ça passe ou ça casse », résume Martin Pelletier, cofondateur d’Obstak mouvement urbain.

À quelques heures de la fin de sa campagne sur La Ruche Québec, le promoteur était visiblement nerveux. « Si on n’atteint pas notre objectif, on n’a pas accès à cet argent », dit-il.

S’il l’atteint, il pourra bénéficier d’un montant supplémentaire de 25 000 $ remis par Desjardins, puisque son projet de parcours de type ninja pour les jeunes de 8 à 14 ans a été retenu par le programme du simple au double.

Bien qu’il soit confiant de franchir la ligne d’arrivée, et qu’il aimerait mettre la main sur ce montant bonifié, le promoteur sait qu’une fin de campagne de financement peut réserver bien des surprises, bonnes ou moins bonnes.

« Peu importe ce qui arrive, on va de l’avant. Le bail est signé et l’installation des modules va bientôt débuter. »

—  Martin Pelletier, cofondateur d'Obstak mouvement urbain

Le parcours intérieur du centre Obstak sera aménagé sur le boulevard Wilfrid-Hamel, près de l’autoroute Henri-IV. Il devrait accueillir le public dès février 2024.

Commercialiser des bouillons à fondue

De son côté, Kassy Daigle-Dubé se dit aussi confiante de démarrer bientôt les activités de son entreprise, Simplement Kosy. Accompagnée par l’incubateur alimentaire Mycélium, la jeune femme a développé durant la dernière année des bouillons de fondue chinoise prêts à consommer.

Sa campagne de financement sur La Ruche va bon train. « Je suis bien entourée, j’ai accès à des conseils et à un réseau d’experts », dit celle qui a réussi à atteindre 40% de son objectif en quelques jours seulement.

Dynamique, l’entrepreneure a fait son apprentissage dans l’entreprise familiale en construction. « Mais ce qui me passionne, c’est l’alimentaire. » Sélectionnée par le Créneau d’excellence Aliments Santé, elle est présentement en discussion pour distribuer dès et hiver ses produits dans des épiceries de la région. D’ici là, elle fera une prévente lors du Marché de Noël allemand de Québec.

Kassy Daigle-Dubé compte sur sa campagne de financement participatif sur La Ruche pour démarrer la commercialisation de ses bouillons à fondue Simplement Kosy.